On nous avait souvent parlé de Labo Ethnik, de sa capacité à s’affranchir des « différences » mais surtout de ces défilés de mode qui faisaient vibrer le monde de la couture afro-européenne. Puis, nous avons eu l’occasion d’assister justement à un de ses shows organisés à Paris dans ce lieu reconnaissable à sa structure extérieure qu’est la cité de la mode et du design sur les quais de Seine.
Depuis un peu plus de trois ans, nous n’étions plus au courant de ces shows mais en réalité, ceux-ci existent toujours et s’exportent un peu partout notamment au Maroc où AfrikAsia Culture a pu rencontrer Yvette TAI-COQUILLAY la fondatrice de ce mouvement.
Merci infiniment de prendre le temps de nous répondre. D’abord, puis-je me permettre de vous demander quelles sont vos origines car je suis très intriguée par votre nom ?
Je suis née à Kinshasa, d’une mère congolaise (RDC) et d’un père franco-chinois.
Voilà qui tombe bien ! Une afro-asiatique en plein dans le mille ! Question classique : Qu’est ce qui vous a poussée à créer Labo Ethnik ?
La mode est un métier non reconnu par l’ancienne génération. Suite à un constat, à l’époque à Paris, j’avais remarqué qu’il n’y avait absolument pas de place pour les créateurs afro-caraïbeens, aucune valorisation de leur travail et c’est à ce moment-là que j’ai pris le pas en 2006 de fonder le 1er salon de la mode africaine et caraibéenne pour la valoriser et de la présenter aux acheteurs, au public et à la presse internationale.
C’était pas une mince affaire ici en France. Mais j’ai rencontré les bonnes personnes qui ont cru en moi.
D’en arriver là j’imagine n’a pas été facile depuis le Congo, non ?
En effet, un chemin très long et laborieux mais ma passion pour la mode a été ma propre conviction. Mes parents m’ont beaucoup soutenu et je les remercie du plus profond de mon coeur. Je voulais à tout prix partager le fort potentiel en créativité que regorge l’Afrique quelles que soient les embûches, ce continent qui n’a pas encore dit son dernier mot (sourire…) et la seule façon a donc été de lancer un salon mi-professsionnel et ainsi féderer une masse de monde autour d’un domaine que j’aime : La mode.
J’ai eu une équipe had hoc à mes côtés et j’ai un mari aussi dur qu’un rock et plus convaincu que moi. Vous savez, sa ténacité à aller de l’avant m’a énormément persuadée !
Aujourd’hui vous êtes à la tête d’une entreprise reconnue mondialement et beaucoup de personnes s’inspirent de ce modèle pour s’affirmer. A votre avis, serait-ce aussi une autre façon de faire passer un message notamment culturel ?
Oui c’est en fédérant que nous pouvons transmettre des messages. Organiser un salon, c’était ma façon de partager le métissage, de l’imposer et de l’exposer par la mode. Pour ma part, je pense qu’étant issue d’une famille multiculturelle, m’a dirigé vers des univers plus larges à explorer. C’est de là qu’est né le nom Labo Ethnik : ce laboratoire où les ethnies, se retrouvent, où il existe un brassage des cultures, des matières, des couleurs, des textiles, où se mélangent les traditions et la modernité, les tissages des liens….
De par votre métissage, envisagez-vous un jour d’organiser ce genre de défilés de mode au Congo et/ou en Chine avec bien sûr des créateurs issus de ces pays ?
C’est mon prochain rêve et pourquoi pas avec Afrikasia !
Enfin, que pensez-vous de la mondialisation à l’échelle afro-asiatique ?
Je pense que c’est l’avenir !
Encore une fois, AfrikAsia remercie infiniment Yvette TAI-COQUILLAY d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. On s’en réjouit et espère vous retrouver très bientôt pour une étroite collaboration.
Pour suivre Yvette ca se passe par ici 👇
Site internet : https://www.laboethnikstore.com
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